ADRIC – Laïcité

Mettre en œuvre des compétences interculturelles au service d’une démarche laïque : Sortir de la confrontation « eux/nous »

Mettre en œuvre des compétences interculturelles au service d’une démarche laïque : Sortir de la confrontation « eux/nous »

L’opposition « eux/nous » est l’une des oppositions cognitives porteuses d’antagonismes. Elle peut identifier un « nous » (l’Occident, l’Europe, les Français) pour opérer une séparation d’avec « eux » (les étrangers héritiers de cultures, de traditions et de religions différentes).
Dans les pratiques d’accueil et d’accompagnement, cette catégorisation « eux/nous » peut générer des attitudes discriminatoires : « eux » étant dévalorisés par rapport à « nous ». Elle peut mener à une certaine déshumanisation du « eux ». La relation « nous/eux » peut aussi se transformer en un rapport « ami/ennemi » et devenir le siège d’antagonismes irréductibles.

En mettant le focus sur les différences et en les accentuant, parfois avec la bonne intention de mieux comprendre, la dichotomie « eux/nous » peut engendrer des conflits et des incompréhensions et fausser les pratiques professionnelles d’accueil et d’accompagnement. La différence devient alors une distance, un écart à la culture dominante. Pour sortir de cette impasse « eux/nous » qui suppose que les deux parties sont censées posséder des besoins et des objectifs opposés ou concurrents, il convient d’adopter une approche inclusive commune
où tous font partie du « nous », collaborent à la recherche de solutions et à la résolution des difficultés.
Il s’agit de construire une collectivité autour du respect de principes communs non négociables, comme l’égalité entre les sexes, la liberté et l’autonomie des individus, la laïcité. Cette démarche ne doit cependant pas se réaliser au prix de l’omission des inégalités et des discriminations existantes, ni des conflits d’intérêt bien réels. En effet, la reconnaissance de valeurs communes doit permettre de développer l’action pour passer de l’égalité d’intention déclarative à l’égalité réelle en combattant les discriminations.

Pour un dialogue constructif il est important de :

A. Se décentrer et prendre conscience de ses propres préjugés et de leurs conséquences sur la Perception de l’Autre et la relation d’accompagnement :
1. Prendre de la distance vis-à-vis de soi-même.
2. Mieux cerner ses propres cadres de référence, en l’occurrence au regard des enjeux de l’intervention sociale, et en prendre conscience.
3. Reconnaître à la fois ce qui est commun dans des situations de discriminations et de violences sexistes et/ou racistes et les différences entre les individus au regard de leurs conditions sociales, économiques et culturelles.

B. Se découvrir réciproquement :
1. Introduire une relation individualisée à partir de l’analyse des situations concrètes et du sens donné par les personnes concernées à leur comportement, à leurs actes ou attitudes. Ne pas juger globalement ce qui a un sens religieux et ce qui n’en a pas. En effet, des individus peuvent exhiber des signes dont ils ne connaissent pas nécessairement le sens. De plus, les adeptes d’une même religion peuvent en avoir des interprétations différentes.
2. Mieux cerner, à travers une communication active, la singularité des trajectoires des personnes accueillies, leur point de vue et leur positionnement, sans pour autant justifier des propos ou des actes discriminatoires ou violents au nom des différences culturelles.
3. Énoncer clairement la position et la mission des acteurs pour que chacun puisse définir son rôle et ses compétences au mieux, et réactualiser ses représentations et ses attentes.

C : Établir ensemble un contrat clair définissant les conditions de la relation et les objectifs
poursuivis :
1. Favoriser la participation des personnes concernées tant dans la définition des problèmes que dans la recherche des solutions.
2. Proposer différents scénarios à la résolution d’un problème pour que les personnes puissent choisir la manière de procéder qui leur convient le mieux.
3. Convenir ensemble de la démarche à engager et des actions à adopter.
4. Énoncer clairement les domaines de responsabilité réciproque.

D : Favoriser le travail en groupe pour :
1. Briser l’isolement des différents acteurs.
2. Encourager le partage des expériences, la solidarité et les prises de conscience, ainsi que la coopération entre les intervenants et les personnes concernées.
3. Mutualiser les savoirs relatifs aux problèmes et aux solutions mises en œuvre, et généraliser les bonnes pratiques.

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